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Les TMS en Europe : pourquoi sont-ils encore si présents ?

Depuis l’ère de la mondialisation, il y a eu une intensification du travail avec des demandes des consommateurs toujours plus importantes et donc une recherche permanente de réponse à ces besoins. La quête de la performance et du résultat au détriment de la santé des travailleurs est en plein essor. 

Quelques chiffres

En France en 2010 : 64% des employés signalent souffrir d’un ou plusieurs troubles musculo squelettiques (TMS).

En 2015 : ce chiffre passe à 75%.

Alors que les moyennes européennes sont de 60% en 2010 et de 58% en 2015.

En 2014 : 32% des français déclarent souffrir de douleur au dos et/ou au cou alors que la moyenne européenne est de 20%.

En Europe, les secteurs les plus touchés sont l’agriculture, le BTP, le secteur de la santé et le secteur du transport.

Les femmes sont plus touchées que les hommes concernant les TMS des membres supérieurs.

Les 12 points clés en détail

  1. La numérisation de l’emploi

    Il existe un véritable impact de la digitalisation de l’information et de la communication. Cette numérisation de l’emploi entraîne de nouvelles manières de travailler avec un accès permanent au travail, un lieu de travail qui ne respecte plus les conditions en matière de santé et sécurité au travail. La numérisation des technologies a aussi entraîné un changement de comportement des consommateurs avec toujours plus de demandes. Il s’en suit une intensification du travail chez certains salariés avec une réduction de la prise en compte de la santé et sécurité au travail. Travailler plus pour produire plus et satisfaire le consommateur au détriment de la santé.

  2. Les nouvelles formes d’emploi

    Qui peuvent réduire le niveau de protection des travailleurs en matière de santé et de sécurité au travail. Dans le secteur de l’industrie par exemple, la présence de robots permet de “décharger” les salariés de certaines tâches comme le port de charge lourdes mais d'autres tâches, comme le pilotage ou les tâches répétitives devront encore être effectuées par le salarié et cela ne réduira pas forcément les risques de TMS. Les employés continueront d’effectuer des travaux répétitifs et les risques liés aux TMS vont continuer d’augmenter.

  3. Des secteurs particulièrement exposés

    Actuellement, certains TMS  sont omniprésents dans certains secteurs d’activités alors qu’ils ne l’étaient pas il y a quelques années.

    Par exemple après une opération, le patient passe moins de temps à l’hôpital. Son temps de rééducation à domicile va donc augmenter en exposant particulièrement les soignants à domicile (kinésithérapeutes, infirmières…) aux TMS qui n’ont pas le matériel nécessaire pour effectuer de bonnes manutentions.

  4. La modification des politiques de travail.

    Dans certains secteurs d’activité, une politique d’interdiction de levage a été mise en place. Cette politique ne va pas forcément réduire les risques de développer des TMS mais plutôt modifier le site d’exposition. Par exemple, des travailleurs souffrant auparavant du dos vont souffrir des épaules ou des coudes. 

  5. Dégradation de certains facteurs individuels liés au mode de vie

    Nous constatons aujourd’hui une diminution de l’activité physique; plus de 2,5 milliards d’individus seraient considérés comme inactifs par les normes américaines. [2]
    Ajouté à cela une mauvaise alimentation, qui vont entraîner une augmentation de l’obésité. Ces facteurs individuels exposent directement les individus à des risques de TMS.

  6. Impact de l’évolution démographique de la main d’œuvre

    Dans cette évolution démographique nous retrouvons l’âge et la différence entre les hommes et les femmes. Nous travaillons plus longtemps et sommes donc exposés plus longuement à la charge physique au travail. Les travailleurs âgés (définis comme des travailleurs de plus de 50 ans) sont exposés à des risques de TMS considérables et lorsqu’ils en souffrent, nécessitent un temps de récupération plus important. Il faut cependant noter que la prévalence des  jeunes employés à déclarer des TMS a augmenté, soit parce qu’ils présentent des douleurs déjà présentes soit parce que la charge physique imposée au début de la prise de poste est trop importante et ne permet pas une adaptation du salarié.

    Dans certains secteurs d’activité, les femmes déclarent plus de TMS au niveau des membres supérieurs que les hommes. Cela s’explique par le fait que plus de femmes travaillent dans un secteur exposé; par exemple dans le médico social. Par ailleurs, plus de femmes travaillent à mi temps et assument en parallèle les tâches domestiques, ce qui augmente le risque d’exposition à des TMS.

  7. Impact du facteur psychosocial

    Une charge de travail élevée augmente les tensions musculaires ainsi que l’exposition au stress. Une association de ces facteurs à une moindre récupération va provoquer des changements dans le système immunitaire ou inflammatoire des employés, les exposants aux risques de développer des TMS. 

    Le manque de soutien de la part des collègues ou de la hiérarchie exacerbent d’autant plus ces facteurs de risques. Actuellement, de nombreux employeurs n’ont pas encore conscience du lien entre stress et troubles musculo squelettiques parce que les facteurs psychosociaux ne sont pas encore classés comme des facteurs de risques spécifiques des TMS. En effet les facteurs psychosociaux sont considérés comme la partie immergée de l’iceberg.

  8. Sédentarisation de l’emploi

    Il existe aujourd’hui une proportion croissante d’emplois sédentaires. Notre nouveau mode de vie et de travail nous amène à passer beaucoup plus de temps assis qu’auparavant. Petit à petit notre corps se déconditionne et n’est plus assez solide pour supporter certaines charges physiques ou encore des postures assises prolongées. L’avènement de l’informatique a physiquement fragilisé les individus.

  9. Impossibilité de réduire les risques physiques dans certains secteurs 

    Dans certains secteurs d’activités, le choix de spécialisation des travaux exposent les salariés à des gestes répétitifs: par exemple le fromager qui va couper son fromage toute la journée. Une exposition continue à un travail physique avec des gestes répétitifs, des ports de charges lourdes ou encore des tenues de postures inconfortables va augmenter les risques de TMS. 

    Les secteurs les plus exposés sont: l’agroalimentaire ou le bâtiment où le facteur du risque attribuable est de 90%.

  10. Impact des contextes socio économiques de certains pays

    Les contextes socioéconomiques de chaque pays influent directement sur la déclaration des TMS par les employés, ce qui biaise certains chiffres. En France nous bénéficions d’une bonne sécurité sociale et nous déclarons ⅔ des TMS. Dans d’autres pays, cela n’est pas forcément le cas, la couverture sociale étant mauvaise, ce qui entraîne une sous déclaration des TMS par les salariés.

    En France en 2016, sur 48 762 cas reconnus comme liés à des risques professionnels, 42 535 correspondaient à des cas de TMS. 

  11. Manque d’organisation et de conception du travail

    Nous avons peu de visibilité sur la façon dont les employeurs organisent le lieu de travail. Quel cycle de travail imposent-ils à leur salarié? Travail d’équipe? Travail en horaire décalé? Quelles sont les consignes données et quel délai pour les respecter ?

    Si l’organisation et la conception du travail ne sont pas adaptées aux salariés et aux tâches à réaliser cela peut favoriser la survenue des TMS.

    Par exemple dans les formes d’emplois sédentaires, il serait intéressant de mettre en place une organisation favorisant la mobilité des salariés durant leur journée.

  12. Lacunes dans l’évaluation et la prévention des risques

    Il existe un grand nombre d’outils d’évaluations des risques, mais peu font l’objet d’une évaluation approfondie. L’évaluation des risques psychosociaux dans le cadre de la prévention est encore trop largement sous exploitée.  Il est en effet essentiel de prendre en compte les risques psychosociaux en plus des risques biomécaniques si l’on souhaite mettre en place une prévention globale et efficace.

    Par ailleurs, un manque d’évaluation ergonomique face à certaine situation de travail peut entraîner une augmentation des TMS. 

Ces 12 points expliquent parfaitement la prévalence des TMS dans nos sociétés. En ce sens, la promotion de la santé dans le milieu du travail demeure un axe central dans la prévention des TMS et de nombreuses solutions doivent être mises en place:

- une meilleure évaluation des risques

- la promotion du mouvement

- la prise en compte des facteurs psychosociaux

Infographie sur les TMS en Europe & les 12 points clés :

Infographie-TMS-Europe


SOURCES

[1] European Agency For Safety and Health at Work "Work-related musculoskeletal disorders:
why are they still so prevalent ? Evidence from a literature review" (2020)

[2] Booth, F. W., Roberts, C. K., Thyfault, J. P., Ruegsegger, G. N., & Toedebusch, R. G. (2017). Role of Inactivity in Chronic Diseases: Evolutionary Insight and Pathophysiological Mechanisms. Physiological Reviews, 97(4), 1351‑1402.

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