Chez Axomove, les kinésithérapeutes ont pu voir de nombreux patients ayant mal au dos abattus à l’annonce du diagnostic de « hernie discale ». Pour beaucoup, c’est presque comme une sentence à vie. En réalité, c’est souvent plein d’espoir. Déjà, parce qu’une partie des hernies discales n’ont vraiment aucun rapport avec la douleur et ensuite parce que même si c’est le cas, il y a beaucoup de chances d’évolution positives. Imaginez : 67% des hernies se résorbent spontanément(1).
Jetons un œil à tout ça en détail.
Si les disques focalisent toute l’attention, c’est parce qu’ils pourraient être impliqués dans le déclenchement du mal de dos (2–5), même s’ils n’expliquent pas tout. Il ne faut pas oublier que peu importe ce à quoi ressemble le disque, on peut ne pas avoir mal (6).
Une hernie discale, c’est quand le matériel gélatineux contenu dans le disque sort de manière localisée en dehors de l’endroit où il est sensé se trouver (7).
Pour que cette hernie se forme, il faut avoir des lésions dans l’anneau fibreux qui le contient permettant à la gelée de former un bombement. Un peu comme un pneu dont la structure interne et sa ceinture d’acier, le truc très costaud à l’intérieur qui permet de retenir la pression de l’air, n’ont plus la totalité de leur résistance ce qui vient former une bosse sur la gomme en caoutchouc.
Pas besoin d’avoir de hernie discale pour qu’un disque fasse mal. Lorsque vous vous faites une entorse à la cheville, juste la petite lésion du ligament va générer de l’inflammation, contribuant à rendre votre cheville douloureuse et plus sensible au mouvement. C’est pareil pour les disques intervertébraux, de petites lésions dans celui-ci, même si elles ne font pas suffisantes pour laisser le contenu bomber, vont générer de l’inflammation et probablement des douleurs (8,9).
La hernie discale ça ne fait pas mal ! Ça ne veut pas dire qu’elle n’a pas de rôle dans la douleur. On en trouve plus fréquemment chez les gens ayant des douleurs(10), mais on en trouve énormément chez les personnes n’ayant pas de douleur(6).
Ce qui fait mal dans la hernie discale, c’est probablement la petite entorse dont nous avons parlé toute à l’heure, ou quand la bosse du disque vient irriter un nerf.
Il ne suffit pas que la bosse touche le nerf pour que cela fasse mal, il faut qu’à la fois elle soit en contact avec le nerf ET qu’il y ait de l’inflammation(11). Dans ce cas-là, cela pourra donner ce qui est appelé une sciatique ou une cruralgie.
La nécessité d’avoir de l’inflammation signifie que même si la bosse ne disparaît pas et qu’elle touche le nerf, alors la personne peut quand même ne rien sentir. Cela explique peut-être pourquoi il est impossible de repérer en IRM qui a des douleurs qui reviennent ou pas un an après une opération(12).
L’inverse est vrai également, ce n’est pas parce qu’on a une douleur qu’on a une hernie ou quelconque signe d’imagerie. Lorsqu’on déclenche un nouvel épisode de douleur lombaire, si on fait une IRM avant et après, les personnes n’ont pas de nouveaux signes qui sont apparus sur l’IRM(13).
Il faut imaginer cela de cette manière : lorsque quelqu’un se fait gifler, si nous lui faisons faire une IRM nous ne trouverons rien d’abimé, bien que la personne ait mal de manière tout à fait légitime. Peut-être qu’il y a des lésions beaucoup trop petites pour être observées mais le point-clé, c’est que la stimulation des capteurs dans la peau et les muscles sous-jacents est suffisante pour déclencher la douleur.
Les capteurs à la pression vont être stimulés dans un premier temps et ceux à l’acidité qui réagissent à toutes les molécules chimiques libérées par le choc dans un second temps. La rougeur qui apparaît est d’ailleurs cette réaction chimique qui vient ouvrir les vaisseaux sanguins dans la peau pour lui apporter toutes les cellules dont elle a besoin pour réagir. C’est pour cela qu’elle arrive en décalage. Il n’y a pas besoin de lésion pour envoyer des messages à notre cerveau qui va produire de la douleur.
Cela est utile d’avoir des douleurs sans lésion. La douleur étant désagréable, cela va inciter à ne pas recommencer l’expérience de se faire gifler et donc éviter d’avoir de vraies lésions. C’est la même chose qui fait que nous avons mal lorsque nous touchons une plaque chaude AVANT que la peau soit lésée et qu’elle reste accrochée à cette plaque.
La douleur au mouvement de la cheville après une entorse ne veut pas dire que le ligament s’abîme plus. En réalité, c’est juste un mécanisme de protection qui empêche de trop bouger spécialement pour lui laisser le temps de cicatriser. L’inflammation qui rend plus sensible va également aider à la cicatrisation puis va diminuer seule, souvent grâce aux mouvements progressifs qui vont mettre les fibres en tension, ce qui résultera en de plus belles fibres et la sécrétion d’hormones anti-inflammatoires. Tout ceci, c’est un peu comme le fait que mettre dans la tension dans les muscles donne des muscles plus gros et plus solides, même quand il vient d’être abimé.
Pour les « entorses » des disques, nous pouvons supposer que des mécanismes similaires, les mouvements douloureux ne sont pas proscrits. Cela expliquerait peut-être pourquoi donner le conseil de rester actif aux personnes qui viennent de déclencher un mal de dos améliore les résultats par rapport au conseil de se reposer(14).
Le conseil de rester actif n’aide pas davantage les sciatiques, mais n’est pas néfaste. Rester au lit entraînant potentiellement des problèmes de santé on peut tout de même conseiller de rester actif. L’activité physique intense a, quant à elle, des chances d’améliorer le fonctionnement des nerfs et de diminuer leur inflammation(15).